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Connaissez-vous un certain Barthelemy Thimonnier ?

Barthelemy Thimonnier est quelqu'un de génial, c'est mon inventeur préféré ! Cet homme du XIXème siècle a inventé la toute 1ère machine à coudre de l'histoire ! Vous allez le voir, cette machine ne ressemblait pas du tout à celle que nous utilisons aujourd'hui, mais Thimonier a ouvert le chemin de la machine à pédale et à canette que nous utilisons aujourd'hui.

Mais commençons par le commencement ! 

 

Qui était Barthelemy Thimonnier ? 


Tout commence en 1793...

 

Barthélemy Thimonnier nait dans le Rhône le 19 aout 1793. Il est l'ainé d'une famille de 7 enfants, son père est tailleur. 1793, en France, c'est la Terreur, régime révolutionnaire sensé être le summum du régime libre ! En réalité, pas vraiment le meilleur moment de notre Histoire pour venir au monde ! La famille Thimonnier est républicaine. Le père de Barthelemy officie durant cette période comme garde champêtre et geôlier de la République. La famille passe donc au travers de la Révolution plutôt sereinement. Thimonnier grandit tranquillement auprès de sa famille, puis, dès que son age le permet, il est envoyé en formation au séminaire de Saint Jean à Lyon pour devenir tailleur. C'est le 1er pas vers la "machine qui couds" 😊.


 Des doigts en moins...

 

A la fin de ses études, Thimonnier se marie avec Marie Bonasseiux, une brodeuse lyonnaise. <il pratique son métier de tailleur (artisan qui fabrique des vêtements sur mesure). A l'époque, ce dernier coud à la main. C'est fastidieux et ça fait mal aux doigts. Barthelemy rêve d'une machine qui ferait le travail à sa place. C'est à cette époque qu'il commence à imaginer la couseuse qui sera lpus tard la 1ère machine à coudre. C'est à ce moment-là que survient le 2ème événement déterminant : en 1813, il fait partie de la circonscription et doit partir à l'armée. Sauf que pour lui, il n'est pas question d'aller se faire tuer sur les champs de bataille de l'Empereur ! Il n'hésite pas et se coupe l'index et le majeur de la main droite. Incapable de tirer au fusil, il est réformé (!!!!!). Malheureusement, coudre sans son index et son majeur est compliqué. L'invention de sa couseuse devient donc indispendable !


L'invention de Thimonnier


Le point de chainette

 

Au XIXème siècle, les couturières cousaient à la main et principalement au point de chainette. Ce point de chainette, le voilà :

Dans le détail, le fil sort du tissu (1). La couturière forme une boucle avec le fil et revient piquer en 1. L'aiguille ressort en 2, à l'intérieur de la boucle. Et la couturière recommence. Elle fait une boucle avec son fil pour revenir piquer en 2. L'aiguille ressort cette fois en 3, à l'intérieur de la 2ème boucle. Et ainsi de suite. La couture forme une chainette. A vue de nez, ça ne semble pas compliqué à reproduire. 

Dans la région de Lyon où vivent Thimonnier et sa famille, les couturières utilisent un crochet pour aller plus vite. Comment ça se passe ?

La bobine de fil se trouve sous le tissu. Le crochet passe à travers ce dernier et attrape le fil. La couturière tire ensuite sur le crochet, le faisant ainsi repasser au-dessus du tissu et formant en même temps une boucle. Le mouvement est ensuite reproduit jusqu'au bout de la surface à coudre. 

Thimonnier passe de long mois à observer ce mouvement et à réfléchir. L'idée germe petit à petit, et c'est ainsi qu'il inventa la couseuse !


La Couseuse


La Couseuse, la voici. C'est une machine qui reproduit le mouvement des couturières avec leur crochet.

Contrairement à nos machines modernes qui utilisent 2 fils (celui de la bobine et celui de la canette), la Couseuse n'utilise qu'un seul fil. Ce dernier passe en dessous du tissu (bobine).

 La photo ci-dessous montre la Couseuse ouverte. Le panneau de bois cachant le crochet a été enlevé. On peut voir que ce que Thimonnier appelait un crochet est en fait une pièce métallique avec un "trou" au sommet (annoté en vert). Le fil arrive de la bobine par le pied de cette pièce et ressort par le trou.


 A présent, comment ça marche ? Lorsqu'on appuie sur la pédale, la grande poulie tourne, entrainant avec elle la petite poulie (annoté en bleu). Ceci fait tourner la pièce métallique contenant le fil. En même temps, l'aiguille-crochet descend (annoté en orange). Comme on le voit en-dessous, le crochet est orienté vers le trou de la pièce métallique contenant le fil. Il descend plus bas que le trou par ou sort le fil.


 Lorsqu'on relâche la pédale, l'aiguille-crochet remonte, attrapant le fil au passage. Elle passe à travers le tissu avec le fil. La pièce métallique reprend sa place. Il faut ensuite tirer le tissu à la main pour faire le point suivant. On obtient un beau point de chainette !


Mes images sont issues d'une vidéo sur YouTube. On y voit très bien le fonctionnement de la machine, n'hésitez pas à aller y jeter un oeil 😊.

Cette machine cousait 200 points par minute. Par comparaison, la mienne, une Innovis F400, en couds 850 par minute, et un tailleur couds 30 points par minute.


Une invention géniale.... Mal reçue


Un brevet

La 1ère chose à faire pour un inventeur est bien sur de déposer un brevet, sous peine de se voir spolier de son invention. N'étant pas ingénieur, Thimonnier passa un contrat avec Auguste Ferrand de l'école de Mines. Il se chargeait des plans et du brevet, et serait noté comme co-inventeur. La Couseuse est brevetée en 1830. 2 brevets de perfectionnements seront déposés en 1845 et 1847.

Ceci est le schéma technique de la Couseuse du brevet de 1830.


Vers une commercialisation

Cette invention est absolument géniale ! C'est vrai, aucune de nous ne dirait le contraire ! Et évidemment, ça attire les industriel. Le directeur de l'école des mines est fasciné par la couseuse co-breveté par un de ses employés. Il décide financer la création de Barthelemy. La société Germain et Petit est fondée en 1830, elle utilise 80 couseuses. A 1ère vue, c'est une réussite ! Malheureusement, ça ne va pas bien se passer du tout : les tailleurs n'aiment pas cette machine qu'ils voient comme un danger pour leurs emplois. En 1831, ils saccagent l'usine de Thimonnier et y mettent le feu alors que ce dernier est encore à l'intérieur. Thimonnier manque d'y rester.  La société est dissoute en 1832, seulement 2 ans après sa création. Dans l'incendie de l'usine, il reste à sauver une machine peut être sauvée. Thimonnier parvient à la réparer. C'est à partir de cette dernière que Thimonnier déposera ses brevets des années 1840. Il ne parviendra malheureusement plus jamais à commercialiser la Couseuse. La société est dissoute en 1832, seulement 2 ans après sa création. Thimonnier retourne dans le Rhone et reprend son métier de tailleur. Pendant ce temps, au Etats Unis, 2 messieurs du nom de Howe et de Singer brevent leur 1ère machine à coudre(1846). Ils sont aujourd'hui considérés comme les inventeur de la machine à coudre.


Et après ?

Comme on l'a vu, la machine à coudre n'a pas le vent en poupe : si les patrons de manufactures les voient comme un moyen d'augmenter la production et de faciliter le travail, les ouvriers et les tailleurs, eux, les voient comme des concurrentes. Il va se passer encore pas mal de temps avant que les choses changent. La 1ère étape va se dérouler en 1855 lors de l'exposition universelle de Londres. L'invention de Thimonnier est présentée dans le pavillon de l'industrie (ci-dessous, typiquement XIVième ! J'adore ces robes 2ème empire 😊).

Dans ce pavillon, le monde entier peut découvrir cette machine extraordinaire, son potentiel. Le jury déclare que cette machine à servi de types à toutes les machines à coudre" ... comme celle de Singer également présente à l'exposition. Thimonnier meut dans le dénument en 1857 à l'âge de 63 ans.

Evidemment, le problème des ouvriers reste. Ils ne veulent pas de ces machines ! Et pourtant, aujourd'hui, elles sont là, partout dans nos vies. Qui a réussi ce coup de maitre ? Si vous y réfléchissez, vous allez trouver... Quelles sont les machines que nous avons presque tous dans les greniers de nos grands mères, quelle est leur marque ? Un indice ?

Et oui, les machines de chez Singer ! Celles-ci est une Phoenix, elle a été motorisée.

Singer a la bosse du commerce, et il a tout compris. Les ouvriers ne veulent pas ? Ok. On va détourner le problème. Passons par les ménagères. Elles ont toutes de la couture à faire : réparer les vêtements des enfants, l'habit de travail de monsieur, reprendre leurs tenues. Ça leur prends beaucoup de temps. Une machine à coudre serait un énorme confort. Et puis, elles pourraient fabriquer les vêtements, plutôt que les acheter. Quelle économie ! Et même, pourquoi pas, s'établir comme couturière, et rapporter de l'argent au foyer... Pas bête du tout ! Maintenant, il faut mettre ça en place :

L'idée de Singer est de développer une politique de vente innovatrice et agressive. Il envoie des vendeurs dans les villes et les campagnes. Ces derniers font des démonstrations dans la rue, chez l'habitant. Ils donnent même des cours pour apprendre à utiliser les machine ! Ces dernières sont livrées à domicile, elles sont magnifiques, décoratives. Les vendeurs utilisent aussi les vitrines, et placardent des publicités partout.

 Comme vous pouvez le voir, des réductions, paiements en plusieurs fois, on n'a rien inventé ! En 1890, 8 foyer sur 10 sont équipés de machine à coudre, et c'est comme ça que la plupart des familles possèdent une vieille Singer, et que beaucoup de nos grands-mères étaient couturières 😊.

 

Thimonnier était-il vraiment le 1er ?


Et bien non. Enfin, pas tout à fait. D'autres ont travaillé sur la question avant lui, de façon indépendante et sans que Thimonnier ne connaisse l'existence de ces travaux. Aucun d'entre eux n'a été vraiment concluant.

  • En 1790, un anglais, Thomas Saint, brevette une machine permettant de coudre la toile et le cuir. Aucune de ces machines n'a été retrouvée et on ignore si Thomas Saint en a fabriqué un prototype. Cependant, les plans furent retrouvé en 1874 et une machine fut fabriquée. Cette dernière, devant coudre avec une manivelle, ne pouvait pas fonctionner.

 
  • En 1800, Balthazar Krems (Allemagne) invente le point de chainette extensible. Pour le coudre, il utilise une aiguille de son invention dont le chas se trouve au niveau de la pointe.
  • En 1814, Josel Maderperger (Autriche) invente une machine qui couds a 2 aiguilles pour faciliter la couture de couvertures. Il n'eut malheureusement ni les moyens de la breveter, ni ceux de la commercialiser.

  • En 1818, 2 américains, John Knowles et John Adams Doges, inventent une machine à coudre. Cette dernière ne couds que sur quelques cm avant de devoir être réenfiler.

Et alors, Thimonnier ?

Et bien, Thimonnier est un tailleur a qui il manquait 2 doigts et qui a inventé une machine à coudre pour se simplifier la vie. Il a faillit en mourir. Est-il le 1er à avoir inventer ce type de machine ? C'est une question de point de vue ! Qui sait, la machine de Madesperger aurait peut être fonctionné... ou pas ! Barthélemy Thimonnier a en tout cas ouvert la voie à des visionnaire comme Singer et aux machines à coudre que nous utilisons aujourd'hui 😊.


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